Samedi 6 décembre 15h à l’Incongru Théâtre, Avignon
« Dans les pays civilisés, je crois qu’il ne reste plus aucune sorcière, ni aucun magicien, ni aucune enchanteresse, ni le moindre enchanteur. Mais, vois-tu, le pays d’Oz n’a jamais été civilisé parce que nous sommes coupés du reste du monde. Voilà pourquoi nous avons encore parmi nous des sorcières et des magiciens. »
« Le Magicien d’Oz » de L. Franck Baum
« Le Magicien d’Oz » est un classique de la littérature des Etats Unis, écrit par L. Frank Baum et publié en 1900.
Baum a été inspiré par les contes de fées européens et les paysages américains, influencé par son expérience en tant qu’éditeur de journaux et par les conditions de vie difficiles qu’il a observées dans les plaines du Dakota du Sud pendant une sécheresse. Il a développé les idées du « Magicien d’Oz » alors qu’il dirigeait un magasin de produits secs et éditait un hebdomadaire.
Il souhaitait une histoire qui apporterait du bonheur aux enfants et serait une allégorie du politique, bien qu’il ne l’ait jamais confirmé explicitement. Tout cela raconte l’histoire de Dorothy, transportée dans le monde magique d’Oz après qu’une tornade a frappé sa maison au Kansas. Là, elle rencontre des personnages mémorables comme l’Épouvantail, le Bûcheron de fer-blanc et le Lion peureux, et elle part à la recherche du Magicien d’Oz dans l’espoir de rentrer chez elle.
Si on s’amuse à interpréter ce livre sous le prisme politique, voici quelques interprétations qui éclaire la situation contemporaine que nous connaissons aujourd’hui, avec l’élection du président Trump ou nos difficultés institutionnelles françaises :
– Dorothy représente l’Américaine ou la Française moyenne, avec son bon sens et sa quête de justice.
– L’Épouvantail symbolise les agriculteurs, souvent perçus comme manquant d’intelligence, mais en réalité pleins de bon sens.
– L’Homme de fer-blanc : représente les ouvriers industriels, déshumanisés par le travail mécanique et recherchant une âme.
– Le Lion lâche : une représentation des politiciens qui manquent de courage.
La route de briques jaunes : représente l’or, la monnaie forte de l’époque.
– Le Magicien : symbole des politiciens et dirigeants qui promettent beaucoup et sont impuissants.
– La Cité d’Émeraude : les capitales, Washington D.C. ou Paris.
C’est le charme de la beauté d’un chef d’œuvre littéraire. Elle réside en partie dans leur capacité à susciter diverses lectures et significations.
L’illustrateur William Wallace Denslow a joué un rôle déterminant dans la création du livre, en ajoutant des illustrations colorées, contribuant au succès. Et peut-être à cette vision de société très présente dans le livre.
Il exerçait le métier de caricaturiste éditorial, avec un fort intérêt pour la politique. Sous cet angle, les illustrations du « Magicien » peuvent être interprétées comme ayant des sous-entendus sociétaux, en particulier dans le contexte des débats économiques de l’époque. Les images sont non seulement complémentaires et ajoutent une dimension visuelle aux thèmes politiques implicites du livre.
En exemple, les représentations de la route de briques jaunes et des personnages comme l’Épouvantail et l’Homme de fer-blanc peuvent être vues comme des commentaires sur les questions monétaires et industrielles de l’époque.
Ce livre a inspiré des adaptations, dont la première est en comédie musicale, avec des paroles et des musiques de Harold Arlen et E.Y. Harburg. Elle a été créée à Broadway en 1902 et a été adaptée plusieurs fois au cinéma, notamment la célèbre version de 1939 avec Judy Garland. Ce film est l’une des œuvres les plus emblématiques du cinéma. Réalisé par Victor Fleming et il a captivé des générations, et ce, pour 3 raisons :
• La chanson « Over the Rainbow », interprétée par Judy Garland, a remporté un Oscar et est devenue l’une des chansons les plus célèbres de l’histoire du cinéma.
• Le film est le premier à utiliser la technologie Technicolor pour ses fantastiques qui contrastent avec le noir et blanc du Kansas.
• Les personnages inoubliables de l’Épouvantail, le Bûcheron en fer-blanc et le Lion peureux ont laissé une empreinte durable dans la culture populaire.
C’est une histoire qui a captivé des générations avec ses thèmes de courage, d’amitié et de quête de soi.
La compagnie « Lou Galapian dou Mistrau » reprend ces thèmes sous un point de vue différent, celui sociétal.
Sous la métaphore du Magicien d’Oz, elle métamorphose l’histoire d’un terroir; celui de la communauté de communes « Pays des Sorgues Mont Ventoux » et d’une des communes emblématique de cette communauté, Sorgues. De la passation et témoignages des existences, avec en exsangue la difficulté de « faire spectacle » en milieu urbain pour une compagnie considérée par ses pairs de la ville en « souris des champs », des problématiques agricoles liés à l’utilisation ou non des pesticides en campagne, de la difficulté de vieillir ou d’être jeune en milieu rural et de la solitude que cela peut parfois procurer le fait de vivre à la campagne. Et le tout, juste avec quelques éléments de décors colorés et une mise en abîme de ce que peut-être la vie, en communauté, éternelle.
Un magicien d’Oz incontournable comme l’étincelle de l’enfance qui vibre dans nos cœurs.
Ce spectacle est en tournée sur Sorgues, sa région, et à Marseille.
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