Un autre Monde

A la Scala Provence 17h40 festival d’Avignon

du 5 au 26, relâches les 7, 14 et 21 juillet 2025

de et par Christelle Korichi

Coopération artistique : Alexandra Sarramona, Emmanuelle Cousin

Compositeur Dorian Rimbaud

Si je n’avais pas été comique, j’aurais aimé être danseur ou sculpteur. En fait, j’aurai aimé être un artiste. J’aime donner du bonheur et de la joie

Elie Kakou

C’est un spectacle qui fait le rappel à une chanson de Maxime Leforestier « Être né quelque part », et raisonne en nous comme une part de vérité.

Il est toujours difficile de réaliser son rêve. On en a plusieurs, dont un qui nous tient plus à cœur, et qu’on a beau parfois remettre de côté comme un bibelot de souvenir d’été qu’on ne peut pas jeter. Le spectacle que nous propose cette jeune artiste est l’emprunt de son Œdipe, que toutes les femmes méditerranéennes ou scandinaves connaissent, celui de décevoir sa mère.

La mère, figure omnipotente dans la culture méditerranéenne, que toute femme doit vénérer comme une déesse. On ne naît pas femme, on devient mère. Et si on ne devient pas mère, on reste fille ; en-tout-cas aux yeux de certaines femmes. Et c’est une erreur.

Le spectacle est l’histoire d’une méprise, celle d’une jeune fille obnubilée par sa maman qui la conseille au mieux. Et c’est bien connu, ne jamais écouter les conseils des parents. Ça induit en erreur. Les générations X ou Y le savent, mais celles précédentes qui nous ont élevées, ne le reconnaissent pas ainsi. Et c’est le spectacle intervient sur ce point : il faut parfois une part d’existence pour comprendre que le problème ne venait pas de maman, il venait de nous-même. Le matriarcat est souvent mal représenté. Cela implique que toutes les femmes incarnent le pouvoir véritable, et dans toute matière sociétale, filiale, prise de décisions, héritage. On pourrait parler, dans le contexte présenté par Christelle Korichi, de société matristique, c’est-à-dire une société dirigée par des femmes expérimentées, comme le sont souvent les femmes dans certaines familles méridionales. Le matriarcat, dans la sphère privée, n’est pas un mythe. C’est une réalité. Et quand on née femme, face à une mère « source », on le devient avec plus ou moins de difficulté.

Réussir son rêve, c’est dépasser la peur de la mère.

Réussir à être bien, c’est apprécier ce qui vient de bon ou de mauvais à sa valeur juste.

Réussir tout court, c’est de se dire qu’on continue de croire à son idéal de vie.

Ce spectacle parle d’amour, du conflit des générations où les uns veulent s’accomplir et les autres souhaitent de s’accomplir dans une protection matérielle. Pour nos aînés, ce qui compte, c’est être suffisamment riche pour se protéger du monde extérieur. Et pour les enfants qui découlent de cette histoire difficile, car souvent, ce sont des individus impactés par l’histoire de la décolonisation ou du franquisme, c’est d’être suffisamment riche pour pouvoir s’épanouir et être soi dans la richesse de l’être. On pense que nos parents ne le comprennent pas, et pourtant si, au fond d’eux, « ils le savent ». Dans le tréfonds de leurs consciences ou de leurs âmes, ils auraient aimé être poussés par un ailleurs et être aussi complètement eux-mêmes. Et c’est pour cela qu’ils ont créé la génération X ou Y, pour pousser les talents de leurs familles. Et cette génération X ou Y font des enfants nommés Millénial ou génération Z qui poussent encore plus les limites de l’hédonisme et de l’accomplissement de soi. Ce spectacle met en relief ce problème de société : quand l’hédonisme prendra le pas sur le collectif, que restera-t-il de la société ? C’est un enjeu que pose Christelle Korichi dans ce texte, celui d’être elle-même dans un matriarcat qui l’emmène à son accomplissement et la pousse à aller plus loin dans son métier artistique.

Alors, si vous aimez les histoires en vrai, allez-y.

Alors, si vous appréciez les stars de salle de bain, courez-y.

Alors, si vous aimez la vie et la féminité, faites-vous plaisir et allez à la Scala !

En espérant la revoir très vite sur scène, à Paris ou ailleurs…