En ce temps-là, l’amour…

Théâtre de La Luna à 19h30, salle 3 du 5 au 26 ; relâches les 9 et 16 juillet Festival OFF d’Avignon 2025

Interprétation : David Brécourt

Mise en scène : Christophe Gand

Texte : Gilles Ségal

Prix de la presse, meilleur spectacle Avignon OFF 2021

Le petit train s’en va dans la campagne

Va et vient

Poursuit son chemin

Serpentin de bois, de feraille

« Le petit train » les Rita Mitsouko

C’est l’histoire d’un homme qui a vécu le pire.

C’est l’histoire d’un homme qui devient grand-père.

C’est l’histoire dans l’Histoire.

L’histoire d’un homme embarqué dans un train, pour une destination finale de la guerre 39-45.

C’est l’histoire d’un homme qui voit un père et son fils, malade et mal en point, qui lui fait les leçons de la vie.

L’homme qui témoigne de cette histoire, dans ce wagon qui les emmène vers la mort de Drancy ou Dachau, pense que ce père est ridicule de faire des leçons de vie à son fils mourant.

Puis cet homme comprend, l’urgence de vivre dans la mort ambiante qui les entoure, de l’urgence de dire, car l’homme se différencie par les mots, et même si à ce moment précis, ils vivent comme des animaux ; ils n’en sont pas moins Homme.

C’est l’histoire infinie de l’action d’aller vers la mort, la destination funeste et subie par ces femmes et hommes qui ont vécu le drame de la Shoah. Des hommes ont décidé de faire mourir à échelle industrielle d’autres existences, parce qu’ils étaient différents.

Vite, dans ce wagon imbibé de nauséabond, vivre. Le père va marier son fils de 12 ans, pour au-delà de la vie, il soit heureux.

Ce spectacle, ne parle pas de la Shoah. Il parle de la résistance dans la différence d’être dans l’atrocité et rester Homme. Ce vécu devient un témoignage universel.

La mise en scène est intemporelle. Nous sommes peut-être dans les années 70, car sur scène beaucoup de décors rappelle ces années-là, avec la vaisselle dépareillée et les horloges avec un coucou dedans. Une époque où les parents qui ont vécu cela ne parlaient pas ou peu, de ces catastrophes humaines et préféraient s’éloigner du Monde. C’est le cas pour cet homme d’une soixantaine d’années qui, pour parler de lui à son fils dont on ne connaît pas son identité (on sait juste qu’il a une sœur.), dit sur des bandes magnétiques cette histoire tragique de cet homme et de son fils, dans ce wagon empesté par la mort.

David Decourt est un musicien des mots.

Il respecte la sonorité des phrases du texte de Gilles Ségal. Servi par la chorégraphie et mise en scène de Christophe Gand, cet objet artistique sombre et lumineux révèle notre Histoire, celle que nous devons éviter.

À voir partout en France