De et par Marie-Joséphine Susini, texte Pierrette Dupoyet
mise en scène Marie Josephine Suzini
La Petite Caserne, Festival d’Avignon les jours pairs à 11h durée 1h p355 du catalogue du off point 104
« Il n’y a pas de commencement. Il n’y a que la passion infinie de la vie. Mon travail est mon seul lien avec tout. On n’existe que dans ce qu’on fait. » Frederico Fellini
Il y a deux ans, dans les rues d’Avignon, j’avais rencontré Zouzou qui jouait au théâtre de l’Albatros et m’avait invité à venir voir ses spectacles. C’est dur d’être une femme seule au milieu de ses 1600 spectacles, m’avait-elle confié. Je n’avais pas pu y aller, car fort occupé par d’autres spectacles.
Aujourd’hui, avec ce texte de Pierrette Dupoyet qu’on ne présente plus à Avignon, tant elle est devenue une légende vivante du festival d’Avignon, elle revient vers nous. Son autrice, comédienne, dramaturge et metteuse en scène est née à Lyon, découvre le théâtre à 13 ans grâce à Maupassant au théâtre des Célestins. Petit à petit, Pierrette fait son nid avec la compagnie « Le théâtre du Béguin » à Lyon puis sur Paris avec des textes de Gilbert Léautier comme « La Foraine » En 1984, elle décide d’écrire et de créer en solitaire, comme une amazone, et créé la plupart de ses spectacles à Avignon. Ces deux-là sont encore des Amazones (un point commun avec un autre spectacle que j’ai chroniqué pour vous les « Lady’Elles » ) et avec Zouzou, c’est encore la voix, une voix profonde et sensible qui nous montre une voie ; celle de l’appel vibrant du théâtre et de la musique celle de Tina Turner, Paolo Nutini ou de Julos Beaucares. Comme Pierrette, elle est au service de son personnage, en l’occurrence celui de Gelsomina, comme une osmose charnelle à la vie.
Hier, j’ai pu enfin me libérer pour aller la voir. Zouzou en Gelsomina, ce n’est pas la réincarnation de Guilietta Massina, c’est une autre façon de voir cette histoire. Un conte rapporté par Zouzou ; il était une fois Gelsomina, fille et femme enfantines donc naïve, a été cédée par sa mère à Zamparo, un monstre de foire qui vit par de pauvres numéros de force. Gelsomina va aimer cet homme brutal. Et Zampano découvre un rival, un funambule lunaire baptisé Matto le Fou. À la fin, reste l’eau-delà.
J’ai été bercé par un rêve, celui de Zouzou en Gelsomina est bercée par le texte de Pierrette Dupoyet. Le dénuement du plateau puise dans les sources du cirque et de l’existence d’être artiste. Cette nudité permet à Zouzou d’être une artiste authentique. La réussite repose donc sur l’interprète, car Zouzou atteint son but, elle est Gelsomina. Elle s’approprie ce rôle totalement, et déploie ce que toute comédienne doit faire rayonner, une palette d’émotions en finesse et candeur qui ont pour curseur la douceur et la violence, du sentimental au brutal.
Le texte abrupt de Pierette Dupoyet garde la force fellinienne et transforme cette légende en épopée contemporaine.
Nous sommes toutes des Gelsomina en puissance.
A voir absolument.

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