Plaidoirie d'une soumise, un groupe de corps par rapport au corps social.

Plaidoirie d’une soumise

19h30 théâtre du Verbe Fou festival d’Avignon 2025

De et par Solène Collin

Logistique Jacques Lemoine

Photographie Alex

On constate un retour très sensible de l’ordre moral

Catherine Robbe – Grillet

Qui sommes-nous pour juger des plaisirs sadiques des autres ?

Qui sommes-nous pour appréhender ce « milieu » BDSM alors que nous vivons dans une société d’oppresseurs et d’opprimés ?

Quel est notre consentement, à ce niveau – là, d’accepter ou non un contrat avec une autre personne qui se positionne comme « Maître »?

En France, le droit est très clair sur l’intégrité physique : elle assure la primauté humaine, interdit toute atteinte à sa dignité et garantit le respect dès le commencement de sa vie. Autrement dit, le corps humain est inviolable. Aucun contrat ne peut conférer sur un corps une valeur patrimoniale. Alors, tout ce que j’écris dans cet article est faux puisque d’un côté, la société a décidé qu’un corps physique est libre de pensées et ce dernier peut penser qu’il peut appartenir à quelqu’un autre, sur une ligne privée. Ce spectacle pose donc la question du corps social par rapport au corps intime que chaque citoyen conçoit à un moment de sa vie. Dans le cadre du BDSM, le corps social renvoie à l’ensemble de ses propres normes, pratiques qui structurent les individus au sein de leur milieu « spécifique ». Ils vivent parmi un autre corps social, la société française dont le dogme est

« liberté, égalité, fraternité ». Comme dans notre corps social, ce « corps social BDSM » a des codes, des lieux, des rituels et des symboles qui organisent la manière dont les participants s’organisent entre eux. Cependant, ce corps social est régi par notre corps social, ce spectacle est donc une mise en abîme de la liberté individuelle dans notre société patriarcal. Dans le BDSM, le corps est un territoire symbolique. Chaque individu a ses limites, autrement dit en psychanalyse ses « frontières », et c’est cela qui est négocié dans un contrat entre un dominant et un dominé, autrement dit entre maître et esclave. C’est une mise en scène grotesque, burlesque, spectaculaire, et qui interroge l’idée de propriété corporelle.

On pourrait prendre l’image du « travail ». Étymologiquement, le mot travail signifie « objet de torture ». Et la plupart d’entre nous vont au travail pour remplir un contrat qui les amènent à une satisfaction ou pas. Autrement dit, la frontière est mince entre « eux » et « nous ». Le spectacle montre une situation qui peut-être reconnaissable comme le harcèlement au travail, car la règle « saine, sûre et consensuelle » est dépassée. Le corps est un support de signes, et cela permet d’appartenir à un « nous » de groupe, de masse ou de société ordinaire et valorise la maîtrise de son corps comme un vecteur de puissance, et donc de plaisir. Dans ce spectacle, comme dans la vie réelle, on en voit les excès. Le BDSM pourrait comparer à des systèmes d’hygiène de vie, libre à nous d’en être ou pas, mais comme dans tout la limite, c’est le corps social délimité par le droit français, autrement dit de l’article 16 du code civil de Napoléon Bonaparte.

 » Aucune convention ne peut conférer une valeur patrimoniale au corps humain, à ses éléments ou à ses produits.
Toute rémunération pour expérimentation, prélèvement ou collecte de produits du corps est interdite.
Toute convention portant sur la procréation ou la gestation pour le compte d’autrui est nulle. »

Un spectacle à aller voir avec un esprit non-clivant.

Plaidoirie d'une soumise ou la soumission d'un groupe sociétal au corps social


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