Kosma seul en scène comme dans la vie

Kosma, seul en scène comme dans la vie

Théâtre Notre Dame à 18h30 du 4 au 26 relâches les 8, 15, 22 juillet

De et par : Edgar Kosma

Mise en scène : Mohamed Ouachen

Collaboration artistique : Bruno Coppens

page 318 du catalogue du OFF, point 93 du plan sur le catalogue du OFF 2025

Je n’avais qu’un seul but, du matin jusqu’au soir, me tailler une existence à mes propres mesures

Friedrich Nietzsche

Ceci est un stand-up comme ne le dirait pas Magritte.

Comme les sœurs qui ont trouvé par erreur la tarte tatin, Kosma est un humoriste à contre-courant du rythme du stand-up, où on ne ménage pas le spectateur dans les blagues « carambar ». Kosma (qui n’est pas de la famille du célèbre Vladimir Cosma, car il est plus cosmique comme être scénique.) est à un chouille du contre-courant de l’humour. Avec lui, on rit tranquillement, façon Bergson. Normal, pour un philosophe humoriste.

Ce spectacle pourrait avoir comme titre, « Kosma, le rire disparu » dans le sens de Bergson : le rire explore les mécanismes sociologiques du rire, pour en venir à la psychanalyse. Kosma aborde l’origine du stand-up, né dans les quartiers juifs de Brooklyn. Kosma est un Platon de l’humour, comme dans « Philèbe », Kosma instaure un dialogue avec le public sur la nature du plaisir et évidemment du bien. Kosma est un scientifique de l’humour : par ordre, on prend du plaisir. Et comme la déesse Philèbe, Kosma instaure des règles pour limiter ses plaisirs. Et ainsi, il connaît le Nirvana d’être avec nous.

Kosma ressemble un peu à Droopy, peut-être parce qu’il est maître d’une chienne, et qu’il a l’air comme tout bon écrivain philosophe, un peu pédalo, « atta-chiant ». Kosma est cette figure d’artiste du OFF d’Avignon : une personne agaçante, mais dont la présence est indispensable, Kosma invente donc le punk à chien intermittent CSP plus.

Kosma est un philosophe humoristique sur deux pattes, pour lui le plaisir n’est pas simple. Il ne sait pas pourquoi il doit faire du stand-up, mais il est poussé par son écriture. Il n’est pas comme nous, le plaisir pour cet homme est avant tout ce qu’il n’éprouve pas immédiatement. Un peu comme un Buster Keaton sans poursuite de voiture.

Le plaisir, c’est immédiat et cela fonctionne en deux temps, comme le rire. Le plaisir, comme le rire est une médiation vers un objet autre que soi-même. On consent au plaisir « pour le plaisir » comme le chantait un défunt chanteur français. Comme dans le rire, nul ne cherche, dans le plaisir, autre chose que le plaisir lui-même. Kosma prouve que le rire, donc le plaisir, ou le plaisir de vivre et d’en rire, que la vie est bonne à vivre sans arguments ni raisonnements, donc d’arguments. Dans le plaisir, et le rire, nous nous reposons dans la certitude tranquille que ce que nous ressentons. Au final, Kosma fait l’exercice du philosophe : il n’y a pas de plaisir possible si celui-ci doit être exercé par un calcul jugé par un principe.

Kosma est un hédoniste perdu dans le fait d’être debout et devant nous, un peu comme s’il était dans un Peep Show, il donne juste ce qu’il veut donner et c’est dans cet écart que naît notre rire. On touche alors à Calliclès (avec un chouille de Sade) où les normes sociales comme d’avoir des enfants sont des « empêches de jouir ».

Pour conclure « l’exercice philosophique du rire de Kosma », c’est lorsque nous perdons notre critère social, au profit de notre naturel, que le rire fuse. Le plaisir est donc la source de vie bonne, pour un rire vital salvateur.

Alors, si vous avez soif de rire « ailleurs » de vous-même, c’est le show testerine qu’il vous faut!


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