Chambre 207, une chambre avec vue sur un fait divers animé par un des témoins principal Jean-Michel André

Jean-Michel André « chambre 207 »

Dans le cadre des Rencontres de la Photographie d’Arles, Exposition coproduite par l’Institut pour la photographie, Lille et le Centre Méditerranéen
de la Photographie, Bastia. Publication : Chambre 207, Actes Sud, 2024. Prix Nadar Gens d’images 2024. Emplacement n° 20 du plan « Les Rencontres de la Photographie d’Arles » 2025.

Ce sont toujours dans des petites choses inattendues, des détails, des gestes ou des faits divers que nous apprenons tout.

Suzanne Daigle

Jean-Michel André est l’enfant d’un fait d’été, où 7 personnes ont trouvé la mort dans des circonstances dramatiques au Sofitel d’Avignon un 5 août de 1983. Jean-Michel se trouve orphelin de père, dans un assassinat qui n’est pas tout à fait élucidé. Il y a juste un mobile, celui d’un hold-up qui a mal tourné et s’est transformé en boucherie. Cette nuit-là, avec sa sœur, le Jean-Michel de 7 ans dort à poings fermés. Il aura la mémoire fermée jusqu’à un âge avancé, oubliant tout de cette nuit terrible jusqu’au jour où il décide de mener l’enquête et ouvre des portes par la récolte de documents et le prisme de la photographie. Par le prisme de la photographie, il décide de montrer ce qu’il choisit de dire. Toute l’exposition est une mise en abîme de ce qu’il a ressenti au moment des faits à ce qu’il transforme ses impressions une fois adulte par notre regard sur ce que nous savons de cette histoire dramatique. Attention, le savon de cette exposition est glissant. Le témoin de cette histoire se transforme en metteur en scène. Il fait le scénario de son histoire pour mieux se l’approprier, et nous, spectateur d’un Eros à l’envers, nous contemplons un homme debout malgré le malheur des choses. Jean-Michel André propose un nouveau courant de pensée photographique, celui des mathématiques iconographique infinitésimal, celle de photographier à minima des espaces où de discrets éléments sont mis en relief afin de soutenir notre regard polysémique sur son drame intime. À cette exposition, allez-y en groupe ou à deux, pour vous confronter à d’autres vécus. Et à force de poser la question « Et vous, que voyez-vous ? » Vous trouverez celui du photographe : un homme qui porte un regard sur l’enfant qu’il était et ce que cet enfant a fait pour se sauver de lui-même. Il nous initie à son pèlerinage esthétique : il témoigne d’Avignon et de la chambre 207 par une série de photos qui semblent être racoleuses pour certains et bénéfiques pour d’autres, puis dans la région d’Arles où on a trouvé le corps inerte d’un des meurtriers, et se rend ensuite sur les pas de son père d’abord en Allemagne où son père travaillait pour les Affaires étrangères puis au Sénégal, pays bonheur de sa toute petite enfance. Ainsi, avec cette exposition, il compose un remède de retour vers la vie, comme un remède anxiolytique pour éloigner le chagrin de la vie.

La recherche de Jean-Michel André dans ce travail proposé est d’interroger les limites de l’image en rendant tangible l’intime qui se transforme en un universel des choses, celui du vécu humain, dans ses bons et mauvais côtés de l’existence.

Cette nuit dans la chambre 207 peut-être apparentée à une séance chez un psychiatre où le patient entre avec ce qu’il est pour se déconstruire et revoir ce qu’il est.

L’exposition « Chambre 207 » est une délivrance en quête de vérité. À contempler jusqu’à octobre 2025.

2025-ANDR-02
Jean-Michel André
Room 207, Sofitel Hotel, Avignon, 2023.
[The Sofitel Hotel in Avignon has changed its name since 1983, but its address remains the same. The rooms are located in the same places as they were at the time, and the façade has not been altered.]
Courtesy of the Institut pour la photographie / Galerie Sit Down.


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