
Je transmets la musique d’ailleurs à un public d’ici
Amine SOUFARI est un être en musique avec plusieurs cordes à son arc : compositeur et instrumentiste, chef d’orchestre et de choeur.
Il vient de la musique du vent et du désert, de ce bercement de sable et de poussière, se transmettant de génération en génération, pour qu’une façon de vivre continue de progresser dans un monde qui s’occidentalise même à la frontière de deux pays similaires, l’Algérie et le Maroc.
Amine entend la musique et n’a pas attendu l’aval de son clan pour prendre son destin en main. Un si long voyage, pour passer de la parole en notes, puis de mots en musique, à l’apprentissage du solfège et ce; pour mettre sa vision de la musique en partition occidentalisée.
Tout comme Ulysse, Amine a parcouru cette route vers nous pour transmettre une autre écoute de la musicalité du sud de la Méditerranée, par une nouvelle approche d’un baroque plus orientaliste ; dans l’esprit de « Vent des Royaumes » un projet qui mêle cette sonorité fantamasgorique occidentalisée et sonorités asiatiques, dirigées par Jean-Marc Andrieu.
La pratique musicale d’Amine SOUFARI est une méditation qui permet d’aller vers une transe du meilleur du monde, pour projeter son être en notes de nous-mêmes et en faire un don commun.
Notre sud du quotidien n’est pas celui que nous vivons. À une époque pas si lointaine, ce territoire de légendes et de récits réécrits par le Félibrige et Louis Guillaume Fulconis, le premier sculpteur français de l’histoire de l’Algérie ayant contribué à l’art dans ce pays tout en restant lié au mouvement félibréen. Certaines études démontrent les parallèles entre les stéréotypes régionaux en France et en Algérie coloniale, mettant en lumière des similitudes entre les représentations du Midi et celles de ce pays en matière culturelle. Le père de la Coupo Santo, le symbole de notre Provence, a marqué de son empreinte certains lieux de culte algérien, comme la mosquée de Ketchaoua d’Alger « La Blanche ».
Amine est donc un être de la terre du milieu, et toute son œuvre tend à nous faire entendre l’envers du décor politique qui n’est pas celui dans lequel on se déploie. Les territoires méditerranéens subissent l’oppression monétaire et l’imbroglio lancé par notre président en juillet 2024 de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental provoque une rupture avec la position de la France jusque-là alignée traditionnellement sur l’ONU, qui le considère comme un territoire au statut non défini.
Non, pour Amine SOUFARI, la coupe des notes n’est pas pleine. Il vit artistiquement ses particules non élémentaires pour partager en communauté d’esprits une vision sonore en tant que compositeur, d’un parcours de vie.
Il est venu jusqu’ici pour se transformer en musicien éclairé par la technique enseignée à l’université puis au conservatoire. Car l’occident reste ce qu’elle est, sépare l’esprit du corps et l’orient met ces deux organes en fusion.
Amine SOUFARI est donc un musicien organique occidentalisé. Il n’est pas le joueur de flûte de Hamelin.
Grâce à la musique, il fédère une communauté de créateurs qui projettent son monde de compositions et spectacles, vers une transcendance commune, à savoir l’être ensemble.
S’il était un arbre, il serait un olivier.

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