Festival « Ceci n’est pas un festival » théâtre de l’Episcène Avignon le samedi 29 novembre- 20h
Auteur : Erell Paineau
Avec : Erell Paineau, Marie-Victoire Colin, Oscar Tilette, Quentin Skrabo, Nina Mahé, Amélie Osso, Emilie Ganito.
Le ciel est haut, la terre est basse; il n’y a que la table et le lit qui soient à la bonne hauteur.
Proverbe provençal
C’est un spectacle que les moins de 20 ans peuvent connaître, et le plus de 20 ans se replongent dans les ambiances d’un boom à la Cédric Klapisch chorégraphiée par un Alain Resnais. Ce qui souligne le succès certain de ce collectif pleine de fraîcheur et d’enthousiasme du collectif les Insolentes par l’écriture de son autrice Erell Paineau, et l’ingéniosité de la mise en scène façon poupées russes de Romane Ortail. Par la sémiologie de la table basse ou la poésie de Sébastien Neau sur cet objet, « En, attendant septembre », pose poétiquement les questions essentielles de la vie, dont les principales, le désir et l’amour ; choses liées et haut combien différente comme le souligne l’un des personnages par l’expression « les tempêtes du ventre ». À travers ces thèmes inébranlables du théâtre classique et contemporain, sont soulevés la question du politique par le positionnement des personnages par leurs engagements dans le désir d’être à l’autre, ou l’action d’être (ou pas) avec son partenaire de désir ou d’amour. Par le symbole de la table basse devenu un élément essentiel dans tout salon français, servant de support à divers objets étatiques, son design a évolué passant d’une table à thé ronde et haute à une table rectangulaire et basse ; ce qui connote le développement de la société qui passe d’une société hiérarchisée par classe sociale en une société qui semble ne pas classifier les individus, mis à part sur la capacité des uns à partir en voyage.
Ce n’est pas un spectacle romantique, c’est aussi un regard psychanalytique sur ce qui nous lie aux autres et plus précisément comme l’a considéré Freud sous le nom de libido, l’énergie psychique du désir. L’étymologie du mot désir vient du latin « sidus » qui désigne une constellation d’étoiles, et du terme « desideratio » sorte de nostalgie qu’éprouve l’humain qui a cessé de contempler le ciel étoilé. Alors, le désir est l’idée d’un manque douloureux de quelque chose qu’on souhaite rattraper avec l’aide (ou pas) de l’autre. Le désir pouvait être considéré comme le reste de notre animalité, car on ne le différenciait pas du besoin biologique, soit une faiblesse du corps qu’il faut surmonter, le désir a fini par apparaître comme humain, moteur de la créativité. Le désir présente une dimension insatiable où ce spectacle en saisit l’ambivalence du manque lié à la créativité de sa vie, où le désir semble entraîner les personnages vers une course increvable sur leur rêve.
Dans les civilisations méditerranéennes, la sémiologie de l’amour est une matière où on explore ce qui est perçu et exprimé par l’habitat. La sexualité implique la question de la valence affective, un concept psychologique qui désigne la qualité agréable ou désagréable d’un stimulus ou d’une situation.
Cette valence est associée, comme le démontre le spectacle, à des états émotionnels tels que la joie ou la tristesse, qui est soit un sentiment positif ou négatif en soi. Et comme nous nous apercevons au cours de l’histoire proposée par ce collectif, la valence affective est marqueur d’un continuum relationnel, avec le bonheur comme valence engageante et la peur comme une valence difficile à surmonter. « En attendant septembre (Ou la théorie de la table basse » parle également de sexualité, quand il y a de l’amour et quand il n’y en a pas. La valse émotionnelle qu’établissent les personnages de cet univers entre eux, conceptualise les climats relationnels en jeu, sans les différencier avec la topologie sociale et culturelle dont ils sont issus et dont la plupart souhaitent s’en débarrasser, pour « grandir » et devenir « mature ». Comme Pierre Guiraud dans son livre « Sémiologie de la sexualité », l’auteur cette pièce de théâtre Erell Paineau (aidé par l’acuité de la metteuse en scène Romane Ortali) s’amuse à mettre les structures fondamentales de la pensée et du langage liées à la sexualité, en interrogeant la question du patriarcat et du statut de la femme par le symbolisme de la table basse. Parfois, on peut faire référence au travail du sociologue Michel Bozon, où on s’intéresse aux formes de sociabilité, à la construction de la masculinité et aux institutions qui encadrent notre intimité sur l’inégalité du genre dans la sexualité par une critique de l’hétérosexualité et celle que souhaite mettre en place les plus jeune une hétérosexualité libérée du genre, dans un contexte de conscientisation des rapports dans un non point de vue empirique et théorique.
« En attendant septembre (ou la théorie de la table basse) et un joli moment qui joue avec nos clichés, nos souvenirs, nos désirs ou amours perdus ou construits. Cela souligne l’importance de la compréhension et de l’acceptation de l’autre dans son identité propre, de son image à soi, et de l’importance d’être le genre que l’on souhaite dans notre société moderne, parfois non-binaire.
A voir pour ne pas être vu, pour comprendre les liens qui nous unissent entre générations.
Bibliographie :
La table basse poème de Sébastien Neau



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